...Instructif...

« LA PALE D’HELICOPTERE »

Ce qui est souhaitable de lire pour comprendre le fonctionnement qualitatif d’une pale d’hélicoptère.
< Dans le corps du texte, le symbole « Ò » renvoie à la modélisation du rotor en vol stationnaire>



 

 

 

HHH
HHH
 

 


 

 

 
Rappels sur les profils

Les paramètres géométriques d’un profil sont en général définis par :

  • la corde joignant le bord de fuite au bord d’attaque (correspond à la plus grande distance séparant le bord de fuite de la zone de bord d’attaque),
  • la ligne d’extrados exprimée en ordonnées en fonction de la position relative sur la corde,
  • la ligne d’intrados exprimée en ordonnées en fonction de la position relative sur la corde,
  • la ligne médiane ou ligne de cambrure est la moyenne algébrique des ordonnées extrados et intrados. Elle se définit par son amplitude maximale et sa position (un profil symétrique possède une cambrure nulle),
  • la ligne d’épaisseur ou différence algébrique des ordonnées extrados et intrados,
  • le rayon de courbure de bord d’attaque,
  • l’épaisseur relative maximale, exprimée en % de la corde, visible sur la ligne d’épaisseur et sa position sur la corde

Il résulte de ces précisions que pour un profil symétrique, la ligne de cambrure est confondue avec la corde. Un profil possède une cambrure quand la courbure de la ligne d’extrados est plus prononcée que celle d’intrados, généralement dans la partie avant du profil (ligne médiane convexe). Un profil possède une zone « réflexe » quand la courbure de la ligne d’extrados est moins prononcée que celle d’intrados dans la partie proche du bord de fuite du profil (ligne médiane concave). La combinaison des deux effets donne une ligne médiane en « S » (point d’inflexion).

Exemple ci-dessous d’un profil « S » : cambrure de bord d’attaque et zone réflexe en bord de fuite:


Profil Vertol V2310_1.58 (profil « S »)

 

Comportement des profils

Le comportement d’un profil dépend des régimes de fonctionnement de la couche limite qui l’entoure lorsqu’il est animé d’une vitesse par rapport à l’air ambiant. La couche limite est caractérisé par un cisaillement intense des couches d’air depuis la surface du profil (molécules d’air attachées à la surface par viscosité : vitesse nulle par rapport au profil, vitesse maximale par rapport à l’air ambiant) jusqu’à la limite où la vitesse a rejoint celle de l’air ambiant (vitesse maximale par rapport au profil, vitesse nulle par rapport à l’air ambiant). 

On distingue :

  • La zone laminaire à proximité du bord d’attaque. Les particules d’air se déplacent de façon ordonnée avec un minimum de frottement. La couche limite laminaire s’épaissit jusqu’au point de transition avant de devenir turbulente. La couche limite laminaire est la plus fragile et instable. Elle est de l’ordre de quelques 1/10 de mm.

  • Le point de transition entre la zone laminaire et la zone turbulente dont la position est essentiellement variable et instable aux faibles nombre de Reynolds, souvent à 50% du profil en condition d’exploitation. Parfois le point de transition est assimilé à une zone.

  • La zone turbulente dans laquelle les particules d’air sont le siège d’une agitation produisant un frottement très supérieur au régime laminaire. La couche limite turbulente s’épaissit jusqu’au point de séparation ou de décollement. En raison de l’agitation désordonnée des particules, la couche limite turbulente est un peu plus stable qu’en régime laminaire. Son épaisseur est sensiblement supérieure à celle de la couche laminaire.

  • Le point de séparation qui traduit la fin de la zone turbulente et le décollement de la couche limite. La vitesse en aval de ce point est inversée, c’est à dire que de l’air vient à contre courant pour combler le vide laissé par le décollement. La portance s’effondre et la traînée fait le contraire. C’est le décrochage.

 

  • Le point d’arrêt sur le bord d’attaque correspondant à la ligne de flux (trajectoire des particules d’air) dont la vitesse s’annule au contact de celui-ci (vitesse nulle et pression maximale). Autrement dit le point d’arrêt se situe au contact entre le bord d’attaque et un plan perpendiculaire à la ligne de flux de partage. Cette ligne n’est pas rectiligne mais s’incurve vers le haut à l’approche du bord d’attaque.


La figure suivante représente ces courbes pour un profil Eppler 201 à 6 degrés d’angled’attaque

Il est d’usage courant d’appeler vitesse à l’infini (V) vitesse et direction des filets d’air par rapport au profil, en un point quelconque éloigné du profil (plusieurs cordes). Pour contourner le profil, ces filets d’air vont être soumis à des accélérations/décélérations et leur vitesse relative (U) peut varier dans des proportions importantes. Au point d’arrêt, la vitesse relative (U) est égal à 0. Si on suit l’évolution du rapport (U/V) sur l’extrados, on s’aperçoit qu’il peut monter à des valeurs de l’ordre de 2 au premier % de la corde (accélération considérable due au changement de direction et à la forte dépression) puis il redescend régulièrement à une valeur proche de 1 au bord de fuite. Du côté intrados ce rapport fait l’inverse et tombe à environ 0,4 (décélération) puis reprend très rapidement une valeur proche de 1 et se maintient ainsi jusqu’au bord de fuite. L’écartement entre les courbes de vitesse relative extrados/intrados est proportionnel à la portance. A portance nulle ces deux courbes se chevauchent de telle sorte que les surfaces enfermées sont équivalentes et se neutralisent.

 

 

L’évolution des vitesses dans l’épaisseur des zones laminaires et turbulentes ne sont pas les mêmes : elle est beaucoup plus brutale dans la zone turbulente (gradient de vitesse plus élevé produisant davantage de frottement).

Tant que le régime de fonctionnement est laminaire ou turbulent le Cz n’est pas affecté ; il ne l’est que s’il y a décollement de la couche limite, produisant l’effet de décrochage.

Le but est de maintenir la couche limite le plus loin possible en régime laminaire sur l’extrados (faibles frottements). Lorsque l’angle d’attaque augmente et que l’on se rapproche du décrochage, il se crée un point de séparation au bord de fuite remontant l’extrados vers le bord d’attaque, pendant que le point d’arrêt au bord d’attaque recule de plus en plus sous l’intrados  (jusqu'à une dizaine de % de la corde). Pour remplir toutes les conditions du régime laminaire, il faut que les formes du profil gèrent le mieux possible l’énergie cinétique apportée par l’écoulement de l’air à l’extrados pour leur permettre d’atteindre le bord de fuite (la vitesse y est de l’ordre de 85% seulement de la vitesse à l’infini amont, approximativement à une corde). Si les lignes de flux s’écartent rapidement de la surface du profil, il y a séparation de la couche limite et nette augmentation de la traînée. Pour certains profils en fonction de leurs courbures extrados, il peut y avoir séparation puis rattachement de la couche limite en amont sur l’extrados, créant une bulle enfermant un régime turbulent (traînée ++), phénomène souvent précurseurs du décrochage; des techniques ont été parfois développées pour rétablir la zone laminaire par aspiration des bulles. De même quand le rayon de courbure du bord d’attaque est faible, l’accélération des particules d’air vers l’extrados en partant du point d’arrêt peut être considérable et provoquer une bulle sous l’effet de la force centrifuge imposée par la trajectoire.

L’état de surface joue un rôle important sur la couche limite et les frottements. Une surface de type carborandum fin peut forcer un passage de régime laminaire à turbulent. Ce moyen (appelé turbulateur) peut être utilisé en bord d’attaque pour retarder le décrochage en bénéficiant de la stabilité de la couche turbulente, le Cx étant malheureusement augmenté aux faibles angles d’attaque.

Tous les profils sont caractérisés par trois coefficients principaux : traînée, portance, moment, mesurés en soufflerie principalement en fonction de l’angle d’attaque et du Nombre de Reynolds. Ces coefficients sont à la base du calcul des forces aérodynamiques. L’épaisseur relative, le rayon de courbure de bord d’attaque et la cambrure affectent les coefficients du profil de la façon suivante:

  • Coefficient de traînée (Cx) : ce coefficient concerne uniquement la traînée de forme, liée à l’écoulement visqueux sur le profil. En général plus un profil est épais plus son Cx est élevé. L'épaisseur relative conditionne l'obtention du Cxmin en général au détriment du coefficient de portance maximum (Czmax) lorsque l'épaisseur diminue, provoquant un décrochage anticipé par création de bulles locales sur la zone voisine du bord d'attaque à l'extrados. Le Cx croît avec l'angle d’attaque en partant de l’angulation nulle. L'ampleur de cette croissance dépend des courbures adoptées notamment au voisinage du bord d'attaque. L'accroissement de Cx en incidence négative est nettement plus important pour les profils dissymétriques. Pour une épaisseur relative donnée, le Cx est conditionné par le rayon de courbure du bord d'attaque et la position de l'épaisseur relative maximale.



  • Le Cx est le paramètre le plus délicat à maîtriser. Les profils " fins " sont difficiles à exploiter aux faibles nombres de Reynolds. Les profils performants ont un faible rayon de bord d'attaque et une position de l'épaisseur relative maximale reculée entre 35% et 40% de la corde. L'intrados intervient peu dans la valeur du Cx car la couche limite y est maintenue plus longtemps en régime laminaire. Les profils dissymétriques sont plus sensibles que les symétriques aux déviations ou écarts de réalisation par rapport aux courbures théoriques et cela d'autant plus que le profil est performant. L’état de surface joue évidemment un rôle important. Certains profils (exemple NACA 66-012) peuvent être étudiés pour offrir un Cx particulièrement faible aux petits angles d’attaque, mais au détriment d’une dégradation brutale aux angles plus élevés (conditions recherchées pour les profils de dérives d’avions).
     

  • Coefficient de portance (Cz) : quelques soient leurs courbures les profils ont tous des coefficients extrêmement voisin de 0,12 par degré d’angle d’attaque dans leur plage d’utilisation linéaire, avant la zone de décrochage. Un profil symétrique attaqué à 0 degré a évidemment un Cz de valeur nulle ; un profil dissymétrique cambré attaqué aussi à 0 degré qui a un Czo=0,36 est donc équivalent en portance à un profil symétrique attaqué à 3 degrés. Le coefficient à 0 degré est désigné par Czo ; il est nul pour les profils symétriques et positif pour les profils cambrés. La cambrure dans la zone de bord d'attaque (jusqu'à 15% de la corde) permet d'augmenter l'incidence de décrochage et donc la valeur du Czmax sans accroître le Czo (dynamique d'incidence accrue). A cambrure donnée, plus celle-ci est reportée vers l'arrière et plus le Czo est élevé, mais l'angle de décrochage n'est pas augmenté (décalage des Cz vers le haut). L'effet décrit correspond aussi à celui obtenu avec les becs de bord d'attaque et volets de courbure. La zone réflexe réduit le Cm négatif mais décale les courbes de Cz et Cx vers le bas.


  •  

  • Coefficient de moment (Cm) : le Cm d'un profil symétrique est nul et indépendant de l’angle d’attaque dans la plage linéaire de portance. Pour un profil cambré, le Cm à angle nul a une forte valeur négative (moment piqueur) et varie légèrement en fonction de l’angle d’attaque. L’amplitude maximale de la cambrure et sa position conditionne le Cm résultant (moment). Plus cette position est avancée et moins le Cm est négatif car plus de portance est produite par l'avant du profil au détriment de l'arrière. Cette situation est parfois recherchée mais attention à la forte courbure locale au voisinage du bord d'attaque qui peut provoquer le phénomène de bulle avec décrochage anticipé. Le moment aérodynamique qui résulte du Cm crée des contraintes sur la structure de la pale et sur les dispositifs de commande de pas. A noter que, pour la stabilité d’un hélicoptère, les moments de pales ne produisent pas de déséquilibre puisqu’ils agissent de façon opposée. Par exemple, pour qu’une aile volante soit stable, il faut réaliser les conditions suivantes : moment nul pour l’angle d’attaque nominal, moment piqueur pour un angle supérieur et moment cabreur pour un angle inférieur ; certains profils remplissent plus ou moins bien ces conditions et on utilise alors d’autres artifices telles que flèche et vrillage.

Un profil est conçu ou choisi pour une application donnée (paramètres d’environnement : Reynolds, Mach, plage d’utilisation, etc.). En général pour un hélicoptère, on recherche :

  • un Czmax le plus élevé possible (incidence élevée)
  • un rapport Czmax/Cx le plus grand possible (finesse)
  • un Cm (en général négatif) le plus faible possible (minimiser l’effort de commande et les contraintes de vrillage)
Courbes Cx, Cz, Cm pour des valeurs de Reynolds de 160000, 120000, 80000, 40000 (alfa : angle d’attaque)

 

 
Conclusions générales sur les performances des profils

 
Les Cx de profils se dégradent considérablement aux faibles nombres de Reynolds et leur valeur est de plus en plus incertaine. Il devient alors très hasardeux de travailler en dessous de la barre des 100.000. Dans un ensemble de profils différents en classe « faible nombre de Reynolds » et « vol humain », les valeurs de Cx minimum sont relativement semblables et la différence se fait surtout sur l’ampleur de la plage de Cz utilisable à une valeur proche du Cx minimal. Bien que ce soit évident, il est bon de rappeler que le meilleur rapport Cz/Cx s’obtient quand le Cx est encore faible et le Cz proche de son maximum. Pour fixer les idées à un nombre de Reynolds de 100.000, les meilleurs Cx n’arrivent pas à descendre à 0,01, tandis que les meilleurs Cz/Cx passent difficilement la barre de 80. A ce petit jeu concernant la finesse, les profils à cambrure prononcée s’en tirent plutôt mieux. Mais attention : par exemple, à diamètre rotor et portance donnés, il faut réduire la corde ou la vitesse de rotation à mesure que la cambrure augmente mais le nombre de Reynolds diminue...dilemme. Les profils candidats sont légion et s’il y avait un miracle çà se saurait ! En effet, il n’y a pas vraiment de solution unique pour un objectif de performance donné. La façon d’utiliser un profil est au moins aussi importante que le profil lui-même.Il faut donc s’impliquer sur deux aspects : savoir définir ce que l’on veut obtenir d’un profil et savoir l’utiliser de façon optimale.

 

Nombre de Reynolds et de Mach

Le nombre de Reynolds (Re) est un nombre sans dimension caractérisant le régime d’écoulement d’un fluide autour d’un solide (par exemple un profil d’aile). Il est défini par la relation :

Re  =  L.V / n

 où  : 

  • V est la vitesse incidente du fluide en amont du profil.
  •  L est une dimension caractéristique, par exemple la corde dans le cas d’un profil.
  •  n est la viscosité cinématique de l’air.

Ce nombre, lié au rapport entre forces d’inertie et forces de viscosité au voisinage d’un corps, joue un grand rôle dans le domaine subsonique où ces deux types de forces sont alors prépondérantes. Aux faibles nombres de Reynolds (faibles vitesses), les forces de viscosité prédominent et les écoulements sont dits « laminaires ». Aux fortes vitesses, l’importance des forces d’inertie rend les écoulements « turbulents ».

Deux profils homothétiques, mais de corde différentes (par exemple pour comparer un modèle réduit et un modèle grandeur), utilisés sous le même angle d’attaque, présentent des écoulements pratiquement semblables en tous points lorsqu’ils travaillent au même Nombre de Reynolds (les distributions des vitesses, des pressions, des forces, se déduisent par similitude). Dans ces conditions, leur CX sont identiques.

La connaissance du CX d’un type de profil en fonction de Re permet donc de connaître le comportement de tout profil de ce type quelles que soient ses dimensions et sa vitesse. Par exemple dans le cas d’une pale ce nombre varie en fonction de la vitesse au rayon considéré; le Cx peut alors être calculé pour chaque section à l’aide d’une formule de correction (fonction hyperbolique).

Les performances d’un profil sont d’autant meilleures qu’il travaille à un Nombre de Reynolds élevé. Pour se trouver dans des conditions similaires à un modèle grandeur, un modèle réduit devrait donc voler plusieurs fois plus vite que le modèle grandeur, ce qui n’est malheureusement pas réalisable, d’où nos performances dégradées en modèle réduit.

Sous l’effet de la vitesse, la compressibilité de l’air modifie les écoulements et les coefficients Cz, Cx, Cm sont affectés et peuvent être corrigé par une formulation simple dépendant du nombre de Mach (vitesses comprises entre Mach 0,3 et Mach 0,8).

 

 

L’aérodynamique

Un rotor d’hélicoptère comprend plusieurs pales dont chacune présente une constitution proche de celle de l’aile d’avion. Toutefois, trois phénomènes essentiels font apparaître des éléments spécifiques à cette étude :

  • la vitesse de déplacement du profil varie fortement entre le pied et l’extrémité de pale.
  • les pales repassent cycliquement dans la même zone en combinant leurs effets pour produire un vent induit important nécessitant une étude particulière.
  • la pale peut battre verticalement, c’est à dire s’inscrire dans un plan incliné par rapport au plan d’entraînement (sollicitation par une commande cyclique ou une turbulence externe). 

Ceci modifie la composition des vitesses incidentes vis à vis du profil.
Pour faire une analyse correcte de la pale en action, il est nécessaire de la subdiviser son rayon en un grand nombre de segments, chacun ayant des conditions de fonctionnement propres : vitesse, angle d’attaque, coefficients Cx, Cz, Cm, etc... L’étude aérodynamique s’effectue en considérant, au moins dans un premier temps, que les écoulements d’air s’effectuent dans le plan du profil (écoulement bidimensionnel). La corde du profil ainsi que la direction de portance nulle sont définies comme dans le cas de l’aile. Le plan normal à l’axe rotor, appelé plan d’entraînement, constitue ici une référence essentielle. 

Composition des vents

  • Le vent à l’infini amont du rotor (V0), est la vitesse relative de l’air, en amont de l’hélicoptère. et à une distance suffisante pour ne pas être perturbé par la présence du rotor. Dans le cas où l’appareil se déplace dans une atmosphère elle-même soumise à un vent régulier, V0 résulte de la composition des vitesses de l’hélicoptère et du vent. Dans le cas du vol stationnaire en atmosphère immobile Vo=0


  • Mais attention, ce vent ne peut pas être considéré ici comme le vent à l’infini amont de la pale puisqu’il ne représente pas la vitesse de l’air vue par la pale (il ne tient compte ni de la rotation du rotor, ni du battement des pales).
     

  • Le vent induit : comme dans le cas de l’aile d’avion, le passage d’une pale en un point du rotor y crée un léger vent induit. Compte tenu des vitesses de rotation, le passage de la pale suivante a lieu avant que ce vent ne se soit totalement atténué. Ce second passage augmente donc le vent induit total qui croît jusqu’à atteindre un régime d’équilibre. On tend en effet vers un régime d’équilibre car l’augmentation du vent induit réduit l’incidence effective tandis que la vitesse d’atténuation du vent induit s’accroît.

     

A l’équilibre, le vent induit global à travers le rotor (point d’observation fixe par exemple à une corde sous le rotor)  peut se décomposer en :

- une partie moyenne (lissée) qui représente le vent induit du rotor ou vent de Froude (VF). Ce vent est en effet lié aux caractéristiques du rotor (diamètre, nombre de pale (n), vitesse de rotation (W)...)
- une partie cyclique (pulsée en dent de scie) de moyenne nulle, liée à la pale, représentant le vent induit de pale (Vi) dont il faudra tenir compte principalement pour le calcul de la traînée induite de la pale. l’ordre de grandeur de ce vent est faible et peut éventuellement être négligé dans une première approche. Ce vent est applicable aussi bien à l’aile d’avion (Prandtl) qu’à la pale.

Le vent induit effectif global vu par la pale (point d’observation lié à la pale à moins d‘une corde) est alors égal au vent de Froude (VF) plus la valeur crête du vent induit de pale(1/2Vi).
  Le vent apparent : à partir de la composition des vitesses en présence, à savoir :
H
- vitesse de l’hélicoptère et vitesse du vent (V0)
- vitesse d’entraînement du profil (U) à la distance r de l’axe
- vitesse due au battement vertical (Vb)
- vent induit moyen du rotor ou vent de Froude (VF)

On peut définir un vent plus proche de la notion de vent à l’infini amont de la pale (V¥), qualifié de vent apparent(Va) 


Définition des angles

 

  • L’angle entre la corde et le plan du rotor (ou plan d’entraînement), est appelé angle de pas (q) « Ò ». C’est l’angle de calage mécanique de la corde par rapport au plan d’entraînement. q est un angle généralement inférieur à 20* et peut dépendre de la position du profil sur le rayon du rotor (pale vrillée).


  • On introduit aussi l’angle de pas global de la pale comme l’angle de pas d’une corde particulière, servant de référence pour la commande mécanique (valeur unique caractérisant la position de la pale, notion indispensable pour une pale vrillée). Il est conseillé de prendre la corde marginale comme référence.
     

  • L'angle d'attaque (a) est l’angle que fait l’axe de la corde par rapport à l'axe du vent apparent. Cet angle représente en quelque sorte l'angle d’incidence de la pale dans l’environnement du rotor.


  • On parle d’angle d’attaque effectif (ae) lorsqu’on tient compte du vent induit effectif total au niveau de la pale (vent de Froude plus ½ vent induit de pale, soit une réduction de la valeur angulaire).
     

  • L’angle du vent apparent (b) est l’angle que fait l’axe du vent apparent par rapport au plan d’entraînement du rotor.



  • On introduit aussi l’angle du vent apparent effectif (be), lorsqu’on tient compte du vent induit effectif total au niveau de la pale (vent de Froude plus ½ vent induit de pale, soit un accroissement de la valeur angulaire). On remarquera que : q  =  a + b.

Projections

La traînée  est portée par l’axe de vent apparent et la portance lui est normale.

Puisque les axes mentionnés sont inclinés de la valeur de l’angle de vent apparent, il faut projeter portance et traînée sur l’axe rotor d’une part et sur le plan d’entraînement d’autre part pour obtenir la poussées axiale et la traînée résultante. La poussée axiale « Ò »  correspond aux projections sur l’arbre rotor de la portance moins celle de la traînée. La traînée résultante correspond aux projections sur le plan d’entraînement de la portance plus celle de la traînée. La traînée résultante est à la base du calcul du couple axial « Ò » et de la puissance absorbée qui correspond à l’objectif recherché, de préférence sous la forme de la puissance spécifique « Ò »  du rotor exprimée en W/kg.

On remarquera que la poussée axiale est déficitaire par rapport à la portance et que la traînée résultante est en excédent par rapport à la traînée. Cela correspond à des pertes inévitables : on obtient moins de poussée et plus de traînée. On voit aussi que plus les angles d’attaque et de vent apparent sont importants, plus les pertes le sont également, ceci étant d’autant plus significatif que la portance est grande par rapport à la traînée. En fait, il est d’usage courant de considérer que la traînée résultante est la somme d’une traînée dite de forme (intrinsèque au profil et due aux forces de viscosité) et d’une traînée dite induite (projection de la portance). Pour produire une poussée donnée, à corde et diamètre rotor fixés, un profil cambré obtiendra le résultat pour des angulations réduites avec pour conséquence une portance moins inclinée et donc moins de traînée induite. Ceci est valable pour comprendre un aspect important qui permet de minimiser les pertes, mais seule une modélisation « Ò » complète permet de trouver une solution optimale. Ne pas oublier cependant que le paramètre le plus « consommateur » d’énergie est la vitesse de rotation qui intervient par son carré.

 

 

Les contraintes combinées

Définition des centres

Le centre de gravité (CG) d’une pale est le point interne de la pale qui permet de la conserver en équilibre quelque soit son orientation dans l’espace. C’est sur ce point que s’applique les résultantes des forces de gravité et centrifuge. La connaissance de ce point permet de calculer le moment de pale (moment statique) qui est le produit de la distance du centre de gravité à l’axe rotor par la masse de la pale.

Sa détermination peut être effectuée en collant un adhésif de protection sur la zone présumée, puis en retournant et en positionnant la pale en équilibre sur la lame d’un cutter. L’intersection de deux marquages croisés fournit une très bonne estimation de la position X, Y de ce point (la position en Z est interne à la pale si celle-ci est rectiligne). 

Ne pas oublier que pour l’analyse élémentaire de la pale, chaque segment a une masse et un  centre de gravité propres, situé en général à la même distance du bord d’attaque que le centre de gravité de la pale (pale rectangulaire). Le centre de gravité naturel d’une pale homogène se situe à environ 40% du bord d’attaque quelque soit le profil.

Le centre aérodynamique (CA)  ou foyer d’un profil quelconque est le point, situé conventionnellement à 25% de la corde à partir du bord d’attaque. En ce point le coefficient de moment est pratiquement indépendant de l’angle d’attaque (ou tout au moins c’est en ce point qu’il en est le moins dépendant) ; la valeur de ce coefficient est soit nulle pour un profil symétrique soit négative pour un profil cambré. Les banques de profils indiquent la valeur du coefficient de moment implicitement relatif au centre aérodynamique. Sur une pale, la valeur du moment varie en fonction de la position du segment considéré.

Le centre de poussée (CP) « Ò »  d’un profil quelconque est le point pour lequel le moment est nul et donc la résultante aérodynamique s’applique seule à ce point. Pour un profil symétrique, le centre aérodynamique et le centre de poussée sont confondus. Pour un profil cambré, le centre de poussée se situe en général en arrière du centre aérodynamique et d’autant plus que la cambrure est prononcée ( de 25% pour un profil symétrique, il peut reculer à près de 50% pour certains profils cambrés). Le centre de poussée se déduit du centre aérodynamique par conversion du système de forces (voir encadré). Dans le cas de profils cambrés, le centre de poussée se déplace lorsqu’on fait croître l’angle de pas en se rapprochant progressivement du centre aérodynamique.

Le centre de rotation (CR) est le point mécanique autour duquel la pale va effectuer ses rotations de pas et par lequel passe l’axe longitudinal de la pale. Il est souhaitable de le choisir proche du centre de gravité. Cette position n’a aucun effet sur la torsion de la pale et influence peu le moment résultant de la pale, c’est à dire les efforts de commande.

Pour tout profil et pour minimiser les effets de torsion (expliqué plus loin), il est idéal que la moyenne des centres poussée (en envergure) coïncident avec le centre de gravité. Cette position commune se situe donc à 25% pour un profil symétrique (nécessité de plomber le bord d’attaque pour obtenir ce résultat) et pourra être de l’ordre de 40% pour des profils cambrés (avec l’avantage de ne pas avoir à plomber).

 

CENTRE AERODYNAMIQUE & CENTRE DE POUSSEE

Convertir un système de forces est toujours possible. Pour donner une idée, prenons un fléau de 1m de long, articulé à 0,25m d’une extrémité dont chacune d’elles porte une masse de 2kg. Pour réaliser l’équilibre il faudra appliquer dans le bon sens un couple de 9,81Nm (9,81x2kgx0,75m-9,81x2kgx0,25m). C’est une représentation similaire à un centre aérodynamique. Maintenant il est possible de supprimer le couple et de trouver un nouvel équilibre évidemment au milieu du fléau dans cet exemple. C’est une représentation du centre de poussée.

 

Forces en présence

On suppose que la pale est montée sur une tête à liberté de mouvement en battement de traînée (débattement possible dans le plan du rotor) et en battement vertical ou battement de portance (débattement possible dans un plan contenant l’axe rotor). On  peut représenter les contraintes dans un segment i de la pale par :

  • une force représentant la poussée axiale (Dfai) normale au plan du rotor, appliquée au centre de poussée CP (en ce point le moment est nul quelque soit le profil),


  •  

  • une force représentant la traînée résultante (Dti) dans le plan du rotor, appliquée au centre de poussée CP,

  • la force centrifuge (Dfci) appliquée au centre de gravité (CGi) du segment i, de masse Dm. Elle est dans le plan contenant à la fois l’axe rotor et le centre de gravité, de direction perpendiculaire à l’axe du rotor. Lorsque la poussée du rotor est nulle, la pale tourne dans le plan perpendiculaire à l’axe rotor et la force centrifuge ne possède aucune composante perpendiculaire au plan de la pale. Mais dès qu’une poussée positive apparaît la pale fléchit vers le haut. La force centrifuge (Dfci) se décompose alors en une composante radiale, selon l’axe longitudinal de la pale, et une composante perpendiculaire au plan de la pale (Dfcni).

Actions combinées
 

  • Flexion : la pale est soumise aux contraintes verticales (Dfai) et (Dfcni) et va de ce fait se déformer par flexion et présenter de la conicité identifiée par l’élévation de pale «Ò»  par rapport au plan rotor. La déformation suit une ligne relativement rectiligne que l’on appelle déformée de la pale. Le résultat dépend donc de la distribution des contraintes le long du rayon (de ce fait une pale vrillée n’aura pas exactement la même déformée qu’une pale plane) mais aussi du degré de liberté en battement vertical attribué au pieds de pale (articulé, rigide, flexible) et de la constante de flexion de la structure. Le moment de flexion en pieds de pale est nul ou maximum suivant que celui-ci est libre ou rigide. Les contraintes mécaniques pour les pales sont donc plus élevées avec des têtes rotor rigides. Cependant la flexion ne gène en rien le fonctionnement du rotor si ce n’est la nécessité de passer au dessus des éléments de la machine malgré la forme en parapluie lorsque le rotor est à l’arrêt. Une fois lancé le rotor peut fort bien s’accommoder d’une flexibilité totale (par exemple une chaîne de segments articulés, si cela était possible) à condition que la rigidité en torsion soit suffisante.

Exemple de distribution de la portance pour une pale plane (bleu) et la même pale vrillée de 10 degrés (jaune).
(Une pale vrillée a une déformée plus rectiligne qu’une pale droite).

  • Recul de pale : la pale est fixée sur le pieds de pale par l’articulation de traînée (A) entraînée à la vitesse W par le bras de levier OA de la tête rotor. S’il n’y avait pas de force centrifuge la pale aurait tendance à se replier perpendiculairement à OA sous l’effet de la traînée résultante, mais fort heureusement, un équilibre se crée entre le moment résultant des forces de traînée rapporté en A (Ma) et le moment centrifuge fc.AH de sens opposé. Par rapport à l’alignement de la tête rotor, la pale recule alors de la valeur de RP appelé recul de pale « Ò » qui, par analogie, correspondrait à de la flèche sur un avion. Le recul est inversement proportionnel au rayon de la tête rotor.

Cet ensemble complexe articulé conduit naturellement à examiner les problèmes d’équilibrage. L’équilibrage longitudinal correspond au fait que le moment de la pale 1 (m1g.OG1) soit égal à celui de la pale 2 (m2g.OG2) auquel cas le centre de gravité longitudinal se trouve bien en O si l’équilibrage transversal est lui-même réalisé. Ce dernier est effectivement obtenu quand la droite joignant les centres de gravité G1 et G2 passe par 0 ce qui est généralement vrai si les traînées résultantes des deux pales sont pratiquement identiques et si la géométrie de la tête rotor est correcte. Le recul de pale devient variable et dynamique lorsque le pas cyclique est sollicité (l’articulation doit être relativement libre). Tout cela s’entend sans tracking (déséquilibre de portance) qui est la première cause de déséquilibre à éliminer. En outre le recul de pale produit un léger rappel à plat de la pale augmentant l’effort de commande à mesure que l’on s’écarte de la position neutre.

  • Torsion : en se limitant à la torsion « Ò »  de la pale, les contraintes des forces centrifuges se réduisent à la composante normale à la pale passant par le centre de gravité du segment considéré. La figure suivante montre alors les composantes utiles :

On voit sur la figure que la composition des forces de portance (Dfai) et des forces centrifuges normales (Dfcni)  dues à la conicité engendre un moment de torsion lorsque CG et CP ne sont pas confondus. Ce moment est «cabreur» (donc positif) si le centre de poussée CP est situé en avant du centre gravité CG et la torsion accroît le pas progressivement vers le bord marginal. Ceci n’est pas très satisfaisant dans le principe, mais acceptable s’il est limité. Dans ce cas, les efforts de commande sont du type « retenus » quand on s’écarte de la position neutre (contraire du rappel à plat). On peut arriver à faire que dans certains cas le moment résultant soit nul mais on obtient le plus souvent un déséquilibre et une torsion de la pale dépendante du coefficient de torsion de sa structure. Cette torsion, en général inférieure au degré, doit être prise en compte dans le calcul de la poussée du rotor.

En conclusion :

  • Dans le cas d’un profil cambré, il est préférable de faire en sorte que le centre de gravité soit situé légèrement en avant du centre de poussée de telle sorte que le moment résultant soit plutôt « piqueur », voire nul ; le choix du profil et la répartition de la matière le long de la corde a de l’importance pour obtenir ce résultat naturellement (sinon il faut plomber pour équilibrer). Nos pales composites verre/carbone dans leurs conditions nominales d’utilisation sont naturellement équilibrées sans requérir de plombage. La modélisation «Ò»  permet de connaître la torsion résultante pour des conditions d’utilisation définies.


  •  

  • Dans le cas de pales symétriques, il est nécessaire de faire coïncider le centre de gravité et le centre aérodynamique pour obtenir une résultante nulle du moment ce qui nécessite en général un plombage. Il est intéressant de constater que ce résultat est indépendant des conditions d’utilisation, notamment de la conicité.

 

RETOUR EN HAUT


Copyright 2000 Jacques Boyer
You may use the data given in this document for your personal use, If you use this document for a publication, you have to cite the source. A publication of a recompilation of the given material is not allowed, if the resulting product is sold for more than the production costs.This document originates at the Web site
http://aerodes.free.fr