...Instructif...
« LA PALE D’HELICOPTERE » |
Ce
qui est souhaitable de lire pour comprendre le fonctionnement qualitatif
d’une pale d’hélicoptère.
< Dans le
corps du texte, le symbole « Ò
» renvoie à la modélisation
du rotor en vol stationnaire>
HHH |
HHH |
Les paramètres géométriques d’un profil sont en général définis par :
Il résulte de ces précisions que pour un profil symétrique, la ligne de cambrure est confondue avec la corde. Un profil possède une cambrure quand la courbure de la ligne d’extrados est plus prononcée que celle d’intrados, généralement dans la partie avant du profil (ligne médiane convexe). Un profil possède une zone « réflexe » quand la courbure de la ligne d’extrados est moins prononcée que celle d’intrados dans la partie proche du bord de fuite du profil (ligne médiane concave). La combinaison des deux effets donne une ligne médiane en « S » (point d’inflexion). Exemple ci-dessous d’un profil « S » : cambrure de bord d’attaque et zone réflexe en bord de fuite: |
Profil
Vertol V2310_1.58 (profil « S »)
Le comportement d’un profil dépend des régimes de fonctionnement de la couche limite qui l’entoure lorsqu’il est animé d’une vitesse par rapport à l’air ambiant. La couche limite est caractérisé par un cisaillement intense des couches d’air depuis la surface du profil (molécules d’air attachées à la surface par viscosité : vitesse nulle par rapport au profil, vitesse maximale par rapport à l’air ambiant) jusqu’à la limite où la vitesse a rejoint celle de l’air ambiant (vitesse maximale par rapport au profil, vitesse nulle par rapport à l’air ambiant). On distingue :
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La figure suivante représente ces courbes pour un profil Eppler 201 à 6 degrés d’angled’attaque |
Il est d’usage courant d’appeler vitesse à l’infini (V) vitesse et direction des filets d’air par rapport au profil, en un point quelconque éloigné du profil (plusieurs cordes). Pour contourner le profil, ces filets d’air vont être soumis à des accélérations/décélérations et leur vitesse relative (U) peut varier dans des proportions importantes. Au point d’arrêt, la vitesse relative (U) est égal à 0. Si on suit l’évolution du rapport (U/V) sur l’extrados, on s’aperçoit qu’il peut monter à des valeurs de l’ordre de 2 au premier % de la corde (accélération considérable due au changement de direction et à la forte dépression) puis il redescend régulièrement à une valeur proche de 1 au bord de fuite. Du côté intrados ce rapport fait l’inverse et tombe à environ 0,4 (décélération) puis reprend très rapidement une valeur proche de 1 et se maintient ainsi jusqu’au bord de fuite. L’écartement entre les courbes de vitesse relative extrados/intrados est proportionnel à la portance. A portance nulle ces deux courbes se chevauchent de telle sorte que les surfaces enfermées sont équivalentes et se neutralisent. |
L’évolution des vitesses dans l’épaisseur des zones laminaires et turbulentes ne sont pas les mêmes : elle est beaucoup plus brutale dans la zone turbulente (gradient de vitesse plus élevé produisant davantage de frottement). Tant que le régime de fonctionnement est laminaire ou turbulent le Cz n’est pas affecté ; il ne l’est que s’il y a décollement de la couche limite, produisant l’effet de décrochage. Le but est de maintenir la couche limite le plus loin possible en régime laminaire sur l’extrados (faibles frottements). Lorsque l’angle d’attaque augmente et que l’on se rapproche du décrochage, il se crée un point de séparation au bord de fuite remontant l’extrados vers le bord d’attaque, pendant que le point d’arrêt au bord d’attaque recule de plus en plus sous l’intrados (jusqu'à une dizaine de % de la corde). Pour remplir toutes les conditions du régime laminaire, il faut que les formes du profil gèrent le mieux possible l’énergie cinétique apportée par l’écoulement de l’air à l’extrados pour leur permettre d’atteindre le bord de fuite (la vitesse y est de l’ordre de 85% seulement de la vitesse à l’infini amont, approximativement à une corde). Si les lignes de flux s’écartent rapidement de la surface du profil, il y a séparation de la couche limite et nette augmentation de la traînée. Pour certains profils en fonction de leurs courbures extrados, il peut y avoir séparation puis rattachement de la couche limite en amont sur l’extrados, créant une bulle enfermant un régime turbulent (traînée ++), phénomène souvent précurseurs du décrochage; des techniques ont été parfois développées pour rétablir la zone laminaire par aspiration des bulles. De même quand le rayon de courbure du bord d’attaque est faible, l’accélération des particules d’air vers l’extrados en partant du point d’arrêt peut être considérable et provoquer une bulle sous l’effet de la force centrifuge imposée par la trajectoire. |
L’état de surface joue un rôle important sur la couche limite et les frottements. Une surface de type carborandum fin peut forcer un passage de régime laminaire à turbulent. Ce moyen (appelé turbulateur) peut être utilisé en bord d’attaque pour retarder le décrochage en bénéficiant de la stabilité de la couche turbulente, le Cx étant malheureusement augmenté aux faibles angles d’attaque. Tous les profils sont caractérisés par trois coefficients principaux : traînée, portance, moment, mesurés en soufflerie principalement en fonction de l’angle d’attaque et du Nombre de Reynolds. Ces coefficients sont à la base du calcul des forces aérodynamiques. L’épaisseur relative, le rayon de courbure de bord d’attaque et la cambrure affectent les coefficients du profil de la façon suivante:
Un profil est conçu ou choisi pour une application donnée (paramètres d’environnement : Reynolds, Mach, plage d’utilisation, etc.). En général pour un hélicoptère, on recherche :
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Courbes Cx, Cz, Cm pour des valeurs de Reynolds de 160000, 120000, 80000, 40000 (alfa : angle d’attaque)
Conclusions générales sur les performances des profils |
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Le nombre de Reynolds (Re) est un nombre sans dimension caractérisant le régime d’écoulement d’un fluide autour d’un solide (par exemple un profil d’aile). Il est défini par la relation : Re = L.V / n où :
Ce nombre, lié au rapport entre forces d’inertie et forces de viscosité au voisinage d’un corps, joue un grand rôle dans le domaine subsonique où ces deux types de forces sont alors prépondérantes. Aux faibles nombres de Reynolds (faibles vitesses), les forces de viscosité prédominent et les écoulements sont dits « laminaires ». Aux fortes vitesses, l’importance des forces d’inertie rend les écoulements « turbulents ». Deux profils homothétiques, mais de corde différentes (par exemple pour comparer un modèle réduit et un modèle grandeur), utilisés sous le même angle d’attaque, présentent des écoulements pratiquement semblables en tous points lorsqu’ils travaillent au même Nombre de Reynolds (les distributions des vitesses, des pressions, des forces, se déduisent par similitude). Dans ces conditions, leur CX sont identiques. La connaissance du CX d’un type de profil en fonction de Re permet donc de connaître le comportement de tout profil de ce type quelles que soient ses dimensions et sa vitesse. Par exemple dans le cas d’une pale ce nombre varie en fonction de la vitesse au rayon considéré; le Cx peut alors être calculé pour chaque section à l’aide d’une formule de correction (fonction hyperbolique). Les performances d’un profil sont d’autant meilleures qu’il travaille à un Nombre de Reynolds élevé. Pour se trouver dans des conditions similaires à un modèle grandeur, un modèle réduit devrait donc voler plusieurs fois plus vite que le modèle grandeur, ce qui n’est malheureusement pas réalisable, d’où nos performances dégradées en modèle réduit. Sous l’effet de la vitesse, la compressibilité de l’air modifie les écoulements et les coefficients Cz, Cx, Cm sont affectés et peuvent être corrigé par une formulation simple dépendant du nombre de Mach (vitesses comprises entre Mach 0,3 et Mach 0,8). |
Un rotor d’hélicoptère comprend plusieurs pales dont chacune présente une constitution proche de celle de l’aile d’avion. Toutefois, trois phénomènes essentiels font apparaître des éléments spécifiques à cette étude :
Ceci modifie
la composition des vitesses incidentes vis à vis du profil.
Composition des vents
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La traînée est portée par l’axe de vent apparent et la portance lui est normale. |
Puisque les axes mentionnés sont inclinés de la valeur de l’angle de vent apparent, il faut projeter portance et traînée sur l’axe rotor d’une part et sur le plan d’entraînement d’autre part pour obtenir la poussées axiale et la traînée résultante. La poussée axiale « Ò » correspond aux projections sur l’arbre rotor de la portance moins celle de la traînée. La traînée résultante correspond aux projections sur le plan d’entraînement de la portance plus celle de la traînée. La traînée résultante est à la base du calcul du couple axial « Ò » et de la puissance absorbée qui correspond à l’objectif recherché, de préférence sous la forme de la puissance spécifique « Ò » du rotor exprimée en W/kg. On remarquera que la poussée axiale est déficitaire par rapport à la portance et que la traînée résultante est en excédent par rapport à la traînée. Cela correspond à des pertes inévitables : on obtient moins de poussée et plus de traînée. On voit aussi que plus les angles d’attaque et de vent apparent sont importants, plus les pertes le sont également, ceci étant d’autant plus significatif que la portance est grande par rapport à la traînée. En fait, il est d’usage courant de considérer que la traînée résultante est la somme d’une traînée dite de forme (intrinsèque au profil et due aux forces de viscosité) et d’une traînée dite induite (projection de la portance). Pour produire une poussée donnée, à corde et diamètre rotor fixés, un profil cambré obtiendra le résultat pour des angulations réduites avec pour conséquence une portance moins inclinée et donc moins de traînée induite. Ceci est valable pour comprendre un aspect important qui permet de minimiser les pertes, mais seule une modélisation « Ò » complète permet de trouver une solution optimale. Ne pas oublier cependant que le paramètre le plus « consommateur » d’énergie est la vitesse de rotation qui intervient par son carré. |
Définition des centres Le centre de gravité (CG) d’une pale est le point interne de la pale qui permet de la conserver en équilibre quelque soit son orientation dans l’espace. C’est sur ce point que s’applique les résultantes des forces de gravité et centrifuge. La connaissance de ce point permet de calculer le moment de pale (moment statique) qui est le produit de la distance du centre de gravité à l’axe rotor par la masse de la pale. Sa détermination peut être effectuée en collant un adhésif de protection sur la zone présumée, puis en retournant et en positionnant la pale en équilibre sur la lame d’un cutter. L’intersection de deux marquages croisés fournit une très bonne estimation de la position X, Y de ce point (la position en Z est interne à la pale si celle-ci est rectiligne). Ne pas oublier que pour l’analyse élémentaire de la pale, chaque segment a une masse et un centre de gravité propres, situé en général à la même distance du bord d’attaque que le centre de gravité de la pale (pale rectangulaire). Le centre de gravité naturel d’une pale homogène se situe à environ 40% du bord d’attaque quelque soit le profil. Le centre aérodynamique (CA) ou foyer d’un profil quelconque est le point, situé conventionnellement à 25% de la corde à partir du bord d’attaque. En ce point le coefficient de moment est pratiquement indépendant de l’angle d’attaque (ou tout au moins c’est en ce point qu’il en est le moins dépendant) ; la valeur de ce coefficient est soit nulle pour un profil symétrique soit négative pour un profil cambré. Les banques de profils indiquent la valeur du coefficient de moment implicitement relatif au centre aérodynamique. Sur une pale, la valeur du moment varie en fonction de la position du segment considéré. Le centre de poussée (CP) « Ò » d’un profil quelconque est le point pour lequel le moment est nul et donc la résultante aérodynamique s’applique seule à ce point. Pour un profil symétrique, le centre aérodynamique et le centre de poussée sont confondus. Pour un profil cambré, le centre de poussée se situe en général en arrière du centre aérodynamique et d’autant plus que la cambrure est prononcée ( de 25% pour un profil symétrique, il peut reculer à près de 50% pour certains profils cambrés). Le centre de poussée se déduit du centre aérodynamique par conversion du système de forces (voir encadré). Dans le cas de profils cambrés, le centre de poussée se déplace lorsqu’on fait croître l’angle de pas en se rapprochant progressivement du centre aérodynamique. Le centre de rotation (CR) est le point mécanique autour duquel la pale va effectuer ses rotations de pas et par lequel passe l’axe longitudinal de la pale. Il est souhaitable de le choisir proche du centre de gravité. Cette position n’a aucun effet sur la torsion de la pale et influence peu le moment résultant de la pale, c’est à dire les efforts de commande. Pour tout profil et pour minimiser les effets de torsion (expliqué plus loin), il est idéal que la moyenne des centres poussée (en envergure) coïncident avec le centre de gravité. Cette position commune se situe donc à 25% pour un profil symétrique (nécessité de plomber le bord d’attaque pour obtenir ce résultat) et pourra être de l’ordre de 40% pour des profils cambrés (avec l’avantage de ne pas avoir à plomber). |
CENTRE AERODYNAMIQUE & CENTRE DE POUSSEE |
Convertir un système de forces est toujours possible. Pour donner une idée, prenons un fléau de 1m de long, articulé à 0,25m d’une extrémité dont chacune d’elles porte une masse de 2kg. Pour réaliser l’équilibre il faudra appliquer dans le bon sens un couple de 9,81Nm (9,81x2kgx0,75m-9,81x2kgx0,25m). C’est une représentation similaire à un centre aérodynamique. Maintenant il est possible de supprimer le couple et de trouver un nouvel équilibre évidemment au milieu du fléau dans cet exemple. C’est une représentation du centre de poussée. |
Forces en présence On suppose que la pale est montée sur une tête à liberté de mouvement en battement de traînée (débattement possible dans le plan du rotor) et en battement vertical ou battement de portance (débattement possible dans un plan contenant l’axe rotor). On peut représenter les contraintes dans un segment i de la pale par :
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Actions
combinées
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Exemple
de distribution de la portance pour une pale plane (bleu)
et la même pale vrillée de 10 degrés (jaune).
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En conclusion :
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Copyright 2000 Jacques
Boyer
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